Ce nom vous fait peut-être rêver, il éveille sans doute en vous des images et des questions…
Pour nous, ce nom représentait un territoire fascinant et un peu inaccessible. Et bien, ça y est, nous y sommes et en ce qui me concerne, j’ai ressenti une grande émotion en franchissant le Détroit de Magellan.
Ce bras de mer qui sépare le continent américain de cet archipel lointain si joliment baptisé Tierra del Fuego par les Espagnols.
Pour les amateurs, un petit rappel historique.
1520 : une grande expédition maritime est commanditée par le roi d’Espagne, à la tête de la flotte : Magellan
Son but : ouvrir une nouvelle voie navigable pour rallier l’océan Atlantique à l’océan Pacifique.
Novembre 1520, les 5 bateaux arrivent au sud du continent américain, il leur faudra 5 semaines pour franchir le détroit rendu difficilement navigable par une météo capricieuse, des vents violents et une multitude d’îlots.
Opération réussie, une nouvelle voie est tracée, le détroit sera baptisé du nom de ce grand explorateur.
Les habitants de ces terres extrêmes sont les indiens Yamanas, ils vivent nus et font constamment de grands feux pour se réchauffer, c’est à la vue de ces lueurs que Magellan appellera ces territoires : Terre de Feu.
Retour en l’an 2008 : c’est au tour du Meriguet-Tour de franchir le détroit ! Pour se faire, il nous faudra d’abord passer la frontière Chilienne. Effectivement l’archipel de la Terre de Feu appartient pour les 2 tiers au Chili.
Les nombreuses mises en garde d’autres voyageurs, laissaient sous-entendre que les douaniers chiliens étaient tatillons et qu’ils ne laissaient pas entrer de nourriture. D’autres informations nous conseillaient pourtant de faire le plein de course avant d’arriver sur la Terre de feu, car les prix y étaient beaucoup plus élevés que sur le continent. Encore très à l’écoute de ce genre d’informations, nous décidons de faire de bonnes réserves et de trouver une planque pour faire passer les produits frais en toute discrétion.
C’est ainsi que 10 kilomètres avant de passer la frontière, Olivier sort sa boîte à outils et se met à dévisser les caches de boîte à néon qui ne nous servent à rien et à y fourrer la viande, les laitages, les fruits et légumes, enfin tout ce qui est susceptible d’être intercepté à la frontière. Tout ceci sous l’oeil médusé et amusé d’un couple d’auto-stoppeur que nous avions embarqués quelque temps plus tôt.
Nous arrivons en vue du poste de douane, nous remplissons quelques formulaires dont celui qui est censé lister la nourriture transportée et effectivement, la liste de produits défendus est longue… Nous nous félicitons en silence de notre petit subterfuge. Quand vient l’heure de la vérification dans le camping car, nous nous réjouissons de ne pas avoir à faire à un chien renifleur qui aurait sans nul doute flairer à 10 mètres notre saucisson et nos tranches de jambon. Mais c’est un douanier très sympathique que nous avons à bord et à qui nous remettons quand même 2 carottes, 1 pomme et 1 citron histoire de ne pas attiser ses doutes.
Tout est en règle, BEF fait ses premiers tours de roues sur le sol chilien, les enfants sont ravis du nouveau tampon sur le passeport et nous, nous gloussons de notre petit tour de passe passe.
Notre premier arrêt au Chili sera au parc Pali Aïke, ce parc n’est pas mentionné dans nos guides et pourtant, il sera pour nous une étape agréable. Nous entrerons au coeur du cratère d’un ancien volcan.
Nous déambulerons sur une mer de lave,
nous croiserons un jeune carancho,
tout cela sous un vent violent et glacial !
Après une nuit passée dans ce parc, nous reprenons la route direction Punta Delgada, dernière ville du continent américain avant de prendre le ferry pour traverser ce fameux détroit de Magellan.
La traversée à cet endroit est très rapide.
La mer est assez calme malgré le vent qui ne faiblit pas. Nous sommes tous les 4 très excités d’arriver enfin sur la Terre de Feu. Après 20 min de traversée pendant laquelle nous verrons quelques petits dauphins noirs et blancs (Tonimas), nous débarquons avec BEF.
Maintenant, c’est 120 km de mauvaise piste qui nous attendent avant de repasser la frontière et de retrouver l’Argentine.
La première grande ville de la Terre de Feu se situe côté argentin et se nomme RIO GRANDE. C’est une ville côtière, très vivante et où l’on trouve de tout et à moindre coût qu’en Patagonie, nous repensons à nos provisions excessives en nous moquant un peu de notre naïveté !!!
A cause de nos batteries qui se déchargent toujours en roulant ( le grand mystère de ce voyage… si un génie en électricité a une petite idée, elle est la bienvenue, car jusqu’à présent personne n’a pu résoudre notre problème !!!), nous sommes obligés de nous arrêter au camping de la ville. L’endroit est peu plaisant mais l’accueil sympathique et cette halte permettra à Olivier de passer une excellente soirée avec le club nautique de la ville, qui y organise tous les vendredi soirs une parilla (grillade géante) suivi d’un karaoké…
Mon mari en reviendra presque bilingue !
Samedi 20 décembre, les enfants nous pressant, nous décidons de rejoindre notre nouvelle bande d’amis voyageurs au camping d’Ushuaia. La route pour y arriver est très agréable et c’est avec un immense plaisir que nous voyons le paysage changer et la végétation s’étoffer au fil des km…
Enfin de la verdure, des arbres… fini la pampa et sa platitude, à nouveau du relief, des virages !
A 30 km d’Ushuaia, nous recevons nos premières gouttes de pluie, la température chute, le bout du monde n’est plus très loin…
C’est donc sous une pluie battante que nous arrivons au fameux camping de la pista del Andino.
Nous y retrouvons nos amis et ferons la connaissance de 2 autres familles françaises qui voyagent depuis 2 ans et 5 ans !
Les enfants sont aux anges, ils sont désormais 14 et passent leurs journées à jouer dans les bois, à construire des cabanes, malgré un temps épouvantable.
Il est temps d’organiser le réveillon de Noël, à défaut de foie gras, nous décidons de faire une orgie de crêpes. Nous prévoyons d’être une quarantaine de français, heureusement, le camping met à notre disposition une grande pièce commune.
La soirée est un peu chaotique, avec tous les enfants qui réclament à tour de rôle une crêpe au jambon ou une au nutella ! Mais tout rentrera dans l’ordre, quand vers 22h, nous voyons arriver lentement une petite silhouette rouge qui marche lentement, appuyée sur un long bâton et qui porte sur son dos, 2 gros sacs remplis de cadeaux !
Les yeux des enfants s’illuminent (eux qui avaient peur d’être oubliés à cause de la distance !), les yeux des plus grands s’emplissent d’émotion : Le Père-Noël ! Sans doute était-il en fin de tournée,(et oui, comme dans la chanson, Ushuaia, c’est tout en bas !!!). La distribution de cadeaux se fait dans une grande joie, Robin et Lola seront bien gâtés.
Le Père-Noël repart, nous n’avons pas vu ses rennes, mais nous sommes quand même ravis de l’avoir vu lui !
C’est sûr, ce Noël à Ushuaia, restera dans tous les esprits.