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25 juin 2009 : Titicaca nous voilà.

Jeudi 25 juin. L’arrivée sur La Paz est à plus d’un titre, impressionnante. D’abord, il faut réussir à se frayer un chemin dans la circulation complètement dingue de El Alto,

autrefois quartier populaire de la capitale et aujourd’hui ville banlieue à part entière. Les feux et les policiers présents n’arrivent pas à réguler le flot de bus et de voitures qui se collent les uns aux autres et forcent le passage à petit coup de klaxon ( nous, nous n’en avons plus, alors on joue la prudence…) au milieu de tous ces fous du volant, les vendeurs ambulants proposent toute sorte de choses et les mamas boliviennes, cuisinent sur le bord du trottoir ( ça donne envie !) Il n’y a rien à dire, cette ville est plus que vivante !

Nous nous rendons à l’usine de gaz pour remplir nos bouteilles . Les employés malaimables refusent de remplir nos bouteilles argentines et nous envoient à une autre usine située à plus de 10km de là… Info ou intox ? Nous trouvons l’usine, mais celle-ci est fermée depuis 6 mois ( intox !) Sur la route du retour, nous croisons un camping-car français, il s’agit de l’équipage de “ Paris-Paname”, une famille fort sympathique que nous rencontrons pour la première fois. Echange d’infos sur nos expériences mutuelles. Eux aussi se sont faits refoulés à l’usine de gaz, alors nous n’insisterons pas…

Après un second passage éprouvant dans El Alto, nous amorçons la descente vers la capitale la plus haute du monde… La ville est construite à flanc de montagne

et le panorama est vraiment étonnant.

Les quartiers pauvres sont sur les hauteurs et les quartiers plus riches, voir très chics sont en contrebas,

à environ 3200 m d’altitude, la vie y est forcément beaucoup moins rude. Nous avons l’adresse d’un hôtel qui accueille les voyageurs sur un grand parking. L’hôtel tenu par un suisse est dans les beaux quartiers. En arrivant, nous y retrouvons d’autres voyageurs déjà rencontrés ( Les thilles ) et d’autres,

avec qui nous faisons connaissance, c’est le cas de Marie-Jo et Sauveur, qui voyagent avec leur grand fiston de 16 ans. L’hôtel a un jardin fort agréable avec jeux pour enfants, une piscine couverte et un jacuzzi

et oh! grand luxe, un service de laverie ainsi que la wifi. Nous n’avons pas envie de rester trop longtemps , comme je l’ai déjà dit, les grandes villes sont peu adaptées à notre style de voyage.

Vendredi, petite visite chez Iveco. Notre batterie montre des signes de faiblesse et nous voulons profiter de la garantie pour la faire remplacer. Les employés du garage sont très sympa, ils défilent à tour de rôle dans le camping-car pour visiter et prendre des photos. Par contre, ils n’ont aucune pièce susceptible de nous intéresser et doivent demander l’autorisation à Iveco Argentine dont ils dépendent, pour faire fonctionner la garantie internationale. Autre réparation nécéssaire: les placards… Ceux-ci sont très grands, évidemment bien remplis et pas suffisamment soutenus pour supporter les secousses. Résultat, ils ne ferment plus et s’affaissent dangereusement.

Nous trouvons deux menuisiers qui nous réparent tout en 2 heures pour la modique somme de…15 euros !

Samedi, j’emmène les enfants dans un parc pendant qu’Olivier va aux nouvelles chez Iveco. Les enfants s’amusent sur les nombreux jeux et se mêlent aux petits boliviens. Samedi soir, nous jouons la carte gourmandise et allons dîner au restaurant de l’hôtel, la réputation de leurs raclettes et fondues n’est plus à faire…
Dimanche, nous nous décidons enfin à visiter La Paz.

Le taxi nous emmène dans le centre. Nous suivons l’itinéraire touristique et remontons successivement de petites rues étroites où sont concentrés les vendeurs de tissus,

ponchos et autres articles textiles.

Nous craquons pour quelques pièces qui décoreront à merveille notre future maison !!! Une autre rue nous conduit au marché des sorcières, sur les étals, des foetus de lamas, de nombreux onguents et autres bizarreries. Et puis dans une autre rue, des revendeurs de DVD copiés par milliers. Ici, tous les marchands sont regroupés par thème, la rue du pain, la rue des fruits, la rue de la quincaillerie… La Paz n’est pas une ville très séduisante.

Lundi, nous laissons une nouvelles fois BEF chez Iveco et pendant ce temps nous parcourons d’autres quartiers de la ville. Pour aller d’un endroit à l’autre, nous prenons le taxi et à chaque fois, tour de manège garanti dans les ruelles étroites, au milieu des nombreux mini-bus et autres voitures !!! En fin d’après-midi, nous récupérons BEF doté d’une batterie neuve et d’un beau klaxon puissant !
Jeudi 25 juin, nous quittons La Paz, à nouveau nous bouchonnons dans El Alto,

mais cette fois, Olive se régale avec son gros klaxon et rivalise avec les locaux ! Direction Copacabana et le lac Titicaca . la route est très belle, au loin se dressent les sommets enneigés de la cordillère royale et nous parcourons une dernière fois la campagne bolivienne.

60 km après avoir quitter La Paz, nous apercevons dans le coucher de soleil, le fameux lac sacré des Incas…
Pour atteindre la ville de Copacabana, il faut traverser le petit détroit de Tiquina et la barge est obligatoire pour les piétons comme pour les véhicules.

BEF prend place sur une barge derrière un bus. La place est juste, Olivier l’accompagne tandis que moi et les enfants devont prendre un petit bateau pour traverser le détroit. De loin, nous observons les bateliers et Olivier qui munis d’une perche essaient de pousser la barge au large. Que se passet-il ? BEF serait-il trop lourd ? Nous sommes débarqués depuis un petit moment et Olivier est toujours sur l’autre rive… Enfin ça y est, la barge avance, espérons qu’elle est assez solide et que notre bon BEF ne va pas finir au fond du lac !!!

Le temps pour moi de prendre quelques images pour le prochain “clip”, et voilà notre maison roulante qui arrive à bon port… Olivier nous racontera que la barge était enlisée, et qu’ils étaient une dizaine à essayer de la dégager… BEF : Trop lourd !!! Encore une trentaine de kilomètres sur une route surplombant le lac et nous arrivons à Copacabana…

Un petit air de vacances flotte sur cette station balnéaire très fréquentée.

Nous nous posons sur la plage, où nous retrouvons Claude et Alain, couple de voyageurs déjà rencontrés à plusieurs reprises. Avec eux, nous mangerons une excellente truite (élevée dans le lac) dans un des nombreux petits resto-barraques qui longent la plage. Pour la digestion, un peu d’exercice : nous prenons la direction du calvaire situé en haut d’un cerro qui surplombe la baie.

L’ascencion est plus que ardue, nous nous arrêtons tous les 20mètres pour reprendre notre souffle

(alt : 3 960m). Une fois en haut, la vue sur le lac est réconfortante,

nous plaignons les nombreux vendeurs de boissons, friandises et souvenirs, qui empruntent ce chemin tous les jours !!!

Samedi matin, il y a foule devant la cathédrale,

les voitures, les bus et camions se parent de fleurs et de décorations avant de recevoir la bénédiction du prêtre… BEF sera décoré lui aussi, mais ne recevra pas d’eau bénite…

La cathédrale est très belle

et derrière l’autel se dresse la célèbre sculpture de la Vierge de Copacabana à laquelle on attribut de nombreux miracles.

Dimanche matin, nous retrouvons par hasard Caroline et Olivier les 2 cyclistes géologues que nous avions déposés un mois plus tôt au Sud Lipez.

Les retrouvailles se célèbrent autour d’une truite !
Nous décidons de prendre ensemble un bateau privé pour faire l’excursion sur L’Isla Del Sol .

Cette île est la plus emblématique du lac Titicaca, car selon les croyances Incas, elle a vu naître le soleil ainsi que le premier couple du peuple Incas.

Départ prévu à 7h30… Olivier et Caro se sont chargés d’apporter le petit dèj, que nous dégusterons une fois sur l’île. Après 2 h de bateau, nous débarquons au nord de l’île et notre capitaine nous donne rendez-vous pour le retour à 16h précises au sud de l’île. On s’installe sur une plage, devant les eaux cristallines du lac…

on prend le petit déjeuner et on s’émerveille devant tant de beauté…

Au nord de l’île, après une petite heure de marche nous atteignons les ruines de Chincana qui comprennent le Palacio del Inca,

sorte de labyrinthe de murets et de petites portes,

puis la Mesa Ceremonica sûrement une table de sacrifice et enfin,

le fameux rocher du puma ou Titi Khar’ka au sein duquel le soleil aurait fait sa première apparition, ainsi que la lune et le couple fondateurs de l’empire Inca .

Nous distinguons les 4 niches de la légende, creusées dans le rocher.
Pas de temps à perdre maintenant nous avons l’île à traverser du nord au sud et pour ce faire, un peu moins de 4h. La ballade sera dure,

nous évoluons sur la crête de l’île, bénéficiant ainsi d’un panorama fabuleux sur le lac.

A près de 4 000m d’altitude, notre rythme n’est pas très rapide, les enfants se plaignent un peu au début mais ils finiront la randonnée en tête de peloton.

2500 personnes environ habitent sur l’île et sont divisés en 3 communautés. C’est ainsi que nous devons nous acquitter d’un droit de passage pour passer d’une communauté à l’autre. Ce péage impromptu nous fait sourire et nous donne l’occasion d’une photo.

Nous atteignons maintenant le sud de l’île. Un grand escalier l’Escalera Del Inca nous permet de redescendre sur la plage, là où doit nous attendre notre bateau.

Il est 16h30, nous sommes en retard et le bateau n’est pas là !!! Le capitaine aurait-il eu la mauvaise idée de ne pas nous attendre ? Apparemment, personne n’a vu son bateau, c’est plutôt bon signe, il a du être retardé…Nous attendons, il commence à faire froid et les derniers bateaux collectifs qui assurent la liaison entre l’île et Copacabana, sont partis depuis bien longtemps ! Les insulaires curieux viennent nous voir et l’un d’entre eux nous propose de nous ramener pour 400 bolivianos ( un peu plus que ce que nous aurions du payer pour l’aller et retour ) aprés une négociation serrée et vu que nous n’avons pas du tout envie de passer la nuit ici, nous acceptons de rentrer avec lui pour 200 bol. Heureusement nous n’avions pas versé la totalité de la traversée au marin d’eau douce de ce matin qui nous a posé un lapin…
Caro et Olivier qui n’en sont pas à leur première arnaque bolivienne, sont un peu sur la défensive…Nous embarquons et quelques km plus loin, le pilote stoppe le moteur et nous demande de payer. Olive lui fait une blague en lui tendant 150 bol, mais l’autre n’a pas le sens de l’humour et lui en réclame 250 ! Bon maintenant, ça commence à bien faire, ON VEUT RENTRER et pas à la nage ! Les 2 Olivier perdent leur sang froid et il en faut peu pour que l’arnaqueur ne finisse dans le lac ! Devant leur air menaçant, le bolivien prend les 200 bol et redémarre. Il nous ramenera sur le continent à une vitesse minimale, mais on s’en moque, le paysage est superbe !

Pour nous, cela aura été la seule tentative “d’escroquerie” dans ce pays, c’est sûr, en tant que touristes nous sommes trés sollicités et on a souvent l’impression que les commerçants abusent, aucun prix n’est indiqué, alors c’est un peu à la tête du “ gringo”…
Demain nous quittons la Bolivie, après un mois de découverte. Nous n’en avons vu qu’une partie, celle des Andes et des hauts plateaux, mais partout, la nature y est splendide, malheureusement pas beaucoup respectée si l’on en juge par le nombre de déchets qui jonchent les talus et les rivières. Nous avons apprécié les boliviens, respecté leurs traditions et adoré leurs artisanats. La cuisine ne restera pas un grand souvenir, mais n’aura pas non plus trop affecté notre budget…
Mardi 7 juillet, nous passons la frontière et entrons au Pérou. Simple formalité, douaniers très avenants, seul petit bémol, on nous prévient que toutes les routes sont bloquées.

Depuis plusieurs semaines le pays est en crise et les conflits sont nombreux entre les indiens et le gouvernement qui souhaite privatisé une grande partie des ressources du pays. Les bloqueos durent 3 jours en général. La première ville est Yunguyo, triste, peu attrayante, je n’ai vraiment pas envie de rester là 3 jours ! Je sors la carte et nous décidons d’un itinéraire bis pour rejoindre la ville de Puno, notre prochaine destination. Une piste semble pouvoir nous faire éviter le bloqueo. Nous voyons des pierres sur la route, de temps en temps du verre brisé, mais rien qui nous empêche de rouler. Les gens nous font de grands signes pour nous stopper, certains bien imprégnés de bierre nous conseillent de faire demi-tour… Au bout de quelques km, un gros tas de terre barre la route et nous enlève tout espoir. Nous sommes contraints d’attendre. Sur les conseils d’un passant, nous trouvons un bivouac agréable sur une plage toujours au bord du lac. Je rumine, Olivier lui est plus zen et les enfants eux retrouvent le sable avec plaisir…
Le lendemain matin, en haut de la colline qui surplombe la plage, des gens nous font de grands signes, les enfants et Olivier vont leur dire bonjour et c’est ainsi que nous faisons la connaissance de Lucio et de sa famille.

Olivier fait des photos avec eux et tout le monde vient visiter le camping car.

Lucio et sa fille Diana, du même âge que Lola nous emmènent voir leur troupeau d’alpagas. Pour nous, ils les attrapent,

nous pouvons ainsi les caresser et apprécier la douceur incroyable de leur laine.

Pendant que nous discutons sur la plage, de jeunes mariés et leurs convives viennent faire quelques pas de danse et boire quelques litres de bière…

Le lendemain matin, les paysans reviennent chercher leurs photos imprimées et nous offrent plusieurs kilos de pommes-de-terre pour nous remercier. Nous discutons longuement avec Lucio, autour d’un atlas et nous parlons de l’Europe, du monde, de son pays, du nôtre… Vendredi matin, lorsque vient l’heure du départ,

ils nous invitent à prendre de l’eau chez lui, il est tout ému au moment de dire au-revoir aux enfants et à vrai dire,

il n’est pas le seul… Ces 3 jours de stand-by forcé nous ont permis de rencontrer ces gens simples, curieux , ouverts et tellement attachants.
Sur la route de Puno, le bloqueo est bien levé, il reste quelques pierres par endroit et des traces de pneus brûlés.

Puno est une grande ville située au bord du Titicaca et sert de point de départ aux excursions vers les autres îles du lac. Nous réservons un bateau pour aller sur les îles Uros dés le lendemain. L’après-midi, nous prenons la moto-taxi puis le vélo-taxi pour nous rendre au centre-ville. Ce moyen de déplacement est très répandu au Pérou et c’est plutôt pratique.

Le soir nous dormons près de l’embarcadère.

Les îles flottantes,

imaginées par les indiens Uros, sont entièrement réalisées à la main avec les roseaux(totora) qui poussent en abondance dans le lac.

Les îles sont composées de plusieurs couches de ces roseaux et ont une épaisseur d’environ 2 à 3 m. Sur ces petites îles au nombre de 40, des familles vivent dans des maisons en roseaux, se déplacent sur des barques en roseaux et survivent du tourisme et de la pêche.

Aussitôt débarqués sur l’une de ces îles, les femmes nous accueillent très chaleureusement

et nous entraînent tout aussi chaleureusement vers leurs étals de souvenirs et d’artisanat.

Elles sont vétues de couleurs très vives, certaines portent de longues tresses avec de nombreux pompons,

avec le jaune des roseaux séchés et le bleu du lac, c’est un festival de couleurs. Je réclame ma ballade sur un belle embarcation de paille, juste pour le plaisir des sens…

Une famille nous accompagne et les 2 petites filles s’empressent de nous chanter quelques airs , contre une petite “contribution”bien évidemment…

Nous visitons une deuxième île, une femme brode, nous allons la voir et sans harcélement, il nous est beaucoup plus agréable d’acheter un petit souvenir !

Notre ballade autour du sompteux lac Titicaca se termine. Malgré un tourisme de masse et ses effets pervers, nous avons apprécié ce lieu riche en histoire et en légende…
Prochaine étape, Cusco et la vallée sacrée…tout un programme !

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10 juin 2009 : Sur les routes Boliviennes

La Bolivie en quelques chiffres :

-9 millions d’habitants pour un territoire 2 x grand comme la France.

-monnaie : le boliviano ( 1 euro = 10 bol )

-3 langues officielles : l’espagnol, le quechua et l’aymara.

-70 % de la population en dessous du seuil de pauvreté.

Mercredi 10 juin, dés notre sortie du magnifique salar d’Uyuni, nous nous dirigeons vers notre première ville bolivienne qui n’est autre que Uyuni.

De la Bolivie pour l’instant, nous n’avons vu que de sublimes paysages et très peu de boliviens…A Uyuni, nous allons vite être projetés dans la réalité de ce pays…A la différence de l’Argentine et du Chili, ici, nous nous sentons tout de suite dépaysés. D’abord par les tenues des femmes,

certes la jupe boule plissée n’est pas des plus avantageux pour leur silhouette, elles portent toutes quelquechose sur le dos dans un grand tissu noué autour du cou,

les jeunes mamans portent leurs enfants et les plus agées, leurs courses ou leurs camelotes qu’elles s’apprètent à vendre sur le marché. Sur la tête, un chapeau de paille ou de feutre et deux longues nattes.

Les enfants ont tous comme point commun les joues tannées voir brûlées par le soleil andin et la morve au nez ! Mais que ces gens sont souriants, curieux et agréables !

Dans cette ville, il fait un froid glacial, mais tous les habitants sont dans la rue, cuisinent, vendent des boissons, des friandises, des jus de fruits.

Dans le mercado central, nous trouvons de nombreux légumes et fruits, à des prix très attractifs. Les femmes, car les étals sont essentiellement féminins, sont couvertes avec de nombreuses couvertures et d’énormes chaussettes, dans leurs petites sandales… Pour le déjeuner, tous les restaurants proposent un “almuerzo”, c’est le menu du jour, composé d’une soupe,

d’un plat principal et d’un dessert pour la modique somme d’environ 20 bolivianos (2 euros) et en plus, c’est bon! Les enfants adorent les soupes et le service est hyper rapide. Nous passons une seule nuit glaciale un peu à l’abris du mur du cimetière de la ville(tous les bivouacs ne sont pas de rêve !) Le lendemain matin,

après une visite ludique au cimetière des trains,

véritable terrain de jeux

pour toute la famille,

nous reprennons la route vers une ville emblèmatique du pays : Potosi.

La piste qui relie les 2 villes nous a été annoncée comme très mauvaise et en travaux. Heureusement, ce jeudi 11 juin est un jour férié ici et la route ne sera pas encombrée par les engins de chantier. La piste monte, tourne, descend, remonte tout cela à une altitude de plus de 3 500m,

le moteur et l’embrayage de BEF sont une nouvelle fois mis à l’épreuve, mais la faille ne viendra pas de ce côté, après une vingtaine de kilomètres, un pffeuu suivit d’un claq claq nous annonce notre première crevaison !!! C’est le pneu avant gauche qui a rendu l’âme. Courage Olive, il faut vider toute la soute pour attraper l’échelle qui te permettra de monter sur la galerie pour prendre le cric qui est dans le coffre de toit…nous avons un cric de 3,5 t, BEF frôle les 4,5 t réussira t-il à soulever la bête ? OUI, en à peine une heure, mon mécano de mari changera la roue, rangera tout son matériel dans la soute et dans le coffre de toit et aura même le temps de nous faire une réparation de fortune sur le filtre à air qui se ballade à cause des nombreuses secousses …

Nous pouvons désormais cocher sur notre liste du parfait bourlingueur :

– enlisement : c’est fait.

– crevaison : c’est fait.

Vendredi 12 juin, nous arrivons enfin à Potosi.

La ville a été construite au pied du Cerro Rico, montagne majestueuse de plus de 4 800m et source de toutes ses richesses.

1544, un jeune berger péruvien part à la recherche d’un de ses lama égaré dans cette montagne. Surpris par la nuit, il fait un feu pour se réchauffer. Sur le sol, à l’endroit du foyer, il voit alors sortir de la terre un métal coulant. Il vient de découvrir le secret du Cerro Rico : cette montagne regorge d’argent. Ce gisement devient vite la priorité des colons espagnols, 10 ans après sa création, Charles Quint donne à la ville de Potosi le titre de ville impériale. Potosi devient la plus grande cité d’Amérique du sud et rivalisera même au XVII ème siècle avec Paris et Londres. Les gisements d’argent semblent inépuisables et feront la fortune des espagnols pendant près de 3 siècles. En contre partie, le nombre de vies humaines sacrifiées sur l’autel du profit est incalculable. Les indiens meurent par milliers ainsi que les esclaves noirs amenés d’Afrique. Pour imager cette époque, on parle de 2 ponts. Pour relier Potosi à Madrid, le premier pourrait être en argent (environ 30 000 t extraites) et le second réalisé avec les ossements de tous les mineurs morts dans ces mines!

Aujourd’hui, de nombreuses mines sont encore exploitées,

le Cerro Rico est un vrai gruyére et les conditions de travail des mineurs ne se sont guère améliorées, ils se sont regroupés en coopératives privées. Samedi 13 juin, nous allons leurs rendre visite. Notre guide nous explique en français, le petit rituel qui entoure la visite. Premièrement, le mini-bus nous emmène au marché des mineurs.

Il est de bon ton d’apporter quelques présents à ces travailleurs de l’ombre. Au choix, nous pouvons leur apporter des boissons, des biscuits, mais le plus prisé reste le sac de feuilles de coca avec la petite bouteille d’alcool de canne à sucre ( 96º). Nous achetons également un kit d’explosifs,

utilisés pour décrocher le minerai de la roche. Ensuite, direction l’habillage, nous revêtons des tenues appropriées à la descente dans la mine.

Nous montons ensuite vers le Cerro. Sur un immense terril qui surplombe toute la ville, le guide nous fait une petite démonstration d’explosion.

La force de la détonation nous surprend tous. Une fois les lampes ajustées sur les casques, nous entrons dans une des nombreuses galeries souterraines.

Claustrophobes s’abstenir, les tunnels sont étroits, très bas et bien sûr très sombres. Nous nous arrêtons devant une drôle de statue qui n’est autre que le divin El Tio, sombre divinité inventée par les colons pour garder le contrôle sur les indiens…

Régulièrement, les mineurs se livrent à un petit rituel pour s’assurer de la protection d’El Tio. Ils lui versent de l’alcool, lui offrent des feuilles de coca et des cigarettes. Nous réalisons ce petit rituel et puisque Tio fume notre cigarette, cela est bon signe, il nous accepte dans sa mine (ouf !) Malheureusement, nous sommes samedi et les mineurs ne travaillent pas (erreur de notre part, le routard le signalait), nous avançons dans la mine en marchant entre les rails et par endroit nous sommes courbés en 2, ici la sécurité est minime, les voûtes des galeries sont soutenues par de simples morceaux de bois, au-dessus de nos têtes, 16 étages de galeries comme celle-ci. Le bus nous emmène ensuite vers une autre mine, à la recherche d’éventuels mineurs.

L’entrée est très basse et la ridicule hauteur des galeries ne facilite pas notre progression. Le guide nous montre une veine d’argent et de zinc. Nous rencontrerons au fond d’une cavité un mineur sûrement placé là pour que nous ne soyons pas trop déçus !!!

Même sans les avoir vu travailler, il n’est pas difficile d’imaginer les conditions de travail épouvantables de ces hommes encore aujourd’hui, au XXI ème siècle. La séquence frisson n’est pas encore terminée, puisque maintenant, nous allons assister à un sacrifice de lama. C’est la “Fiesta Del Espiritu” et l’occasion pour les mineurs de remercier la Pachamama et de lui demander sa protection et sa générosité.

Pour ce faire, un pauvre animal va avoir la gorge tranchée ! Le sang récolté est jeté sur l’entrée de la mine, le spectacle est un peu gore (si BB voyait ça !!!) mais il s’agit là d’actes et de coutumes ancestrales pour ces peuples indigènes.

La viande de lama est ensuite cuisinée par les femmes et dégustée par toute la communauté.

La ville de Potosi est classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1987, d’une part pour son histoire mais aussi pour son incroyable richesse architecturale.

Dans ses rues étroites et sinueuses, nous admirons les façades colorées,

dans l’ensemble bien entretenues.

Pas moins de 80 églises ont été érigées dans la ville.

La visite de la ville la plus haute du monde (4 000 m) est rude et se fait dans un froid glacial.

Dimanche 14 juin, visite de la “Casa de la Moneda”,

c’est dans ce splendide bâtiment qu’ont été frappées les premières pièces de monnaie en argent bien sûr, destinées au royaume d’Espagne.

Le soir, nous fêterons les 7 ans de Lola

autour d’un bon gâteau au chocolat après avoir longuement hésité avec les somptueux gâteaux de toutes les couleurs qui trônent près du mercado central !!!

Lundi soir, nous retrouvons le calme de la nature près de l’Ojo del Inca.

Cette lagune parfaitement circulaire est en fait un cratère rempli d’une eau à la température clémente de 35º.

L’eau chargée en minéraux volcaniques auraient des vertues apaisantes pour la peau. Au petit matin, nous nous glissons avec délice dans cette lagune. Après une heure de baignade (2 pour les enfants),

le plus dur c’est de sortir de l’eau et oui, nous sommes encore à plus de 3 500m d’altitude et dehors il FAIT FROID !!!

Notre prochaine direction est la ville de Sucre, capitale constitutionnelle du pays et considérée comme la plus belle ville de Bolivie.

Sur les conseils d’autres voyageurs, nous nous installons sur une petite place proche du centre-ville.

L’endroit est idyllique pour les camping caristes que nous sommes. Le quartier résidentiel est des plus tranquilles, nous sommes à 15 minutes à pied du centre, proche du seul supermercado de la ville et comble du luxe, nous avons un bon wifi…

Tous les bâtiments coloniaux ainsi que les immeubles, maisons et commerces du centre, sont blancs.

Cela tranche avec le bleu profond du ciel et le vert des jardins qui sont largement arrosés toute la journée par des employées de la ville.

La ville est très propre, assez riche. Nous visitons un ancien couvent, aujourd’hui transformé en école privée,

afin d’accéder au toit

et de jouir d’une vue panoramique sur la ville.

Nous visitons également un musée très intéressant sur l’art textile et son évolution depuis plusieurs siècles. La richesse, la créativité la finesse des motifs font de ces tissus et tapis de véritables chefs-d’oeuvre. Le savoir-faire des différentes communautés de tisseurs (Jalq’a,Tarabuco,Chu’tas…) a bien failli se perdre et heureusement grâce à certaines associations, aujourd’hui cet art connait un nouveau souffle. Nous apprenons de nombreuses choses sur les vêtements, la spécificité des couleurs choisies selon les tribus ou selon l’usage des pièces d’habillements. Dans le patio, nous pouvons regarder deux femmes tisser et nous admirons leur patience et leurs gestes précis (photos interdites).

Samedi après-midi, nous nous éloignons de la grande ville et prenons la route vers Tarabuco,

ce grand village propose tous les dimanches un des marchés les plus typiques et des plus réputés de Bolivie. Dimanche matin, nous observons l’arrivée des différents “exposants”, nombreux arrivent avec leurs ânes,

ou simplement en portant sur leur dos leurs précieuses marchandises. Nombre d’entre eux portent la tenue traditionnelle de leur groupe ethnique et nous retrouvons dans la rue ce que nous avons vu la veille dans le musée !

A peine arrivés sur la place du village, nous nous faisons interpeller de tous les côtés, Olivier dans le rôle du grand et Lola dans le rôle de la blonde, cela suffit à détourner sur nous tous les regards…La concurrence est rude entre tous les marchands, l’endroit est touristique et nous redoutons un peu de nous faire avoir.

Nous marchandons un peu et repartons avec un poncho pour Lola, un tissu et un bonnet anciens tissés à la main. Les 3 heures passées sur ce marché ont été épuisantes et à la fin, nous repoussons sans scrupule les assauts de tous les revendeurs.

Sur la route du retour, nous serons les “saint-bernard” d’un groupe de touristes anglo-français . Leur bus a crevé et ils n’ont pas de cric.

Fier de sa nouvelle acquisition Olive leur prêtera son beau cric 10 t tout neuf !!!

Notre prochaine destination est La Paz à 750 km, nous avons le choix entre la belle route asphaltée et la ruta 6, piste qui traverse des villages de tisserands. Soyons fous, prenons la piste !!! Vitesse moyenne, 25 km/h, ça monte, ça descend , ça secoue, ça tremble,

…mais c’est terriblement beau.

Nous sommes au coeur de la Bolivie, telle que l’on se l’imagine. Ici, le temps s’est arrêté, les bergers surveillent leur troupeau de brebis, moutons ou lamas,

ils portent le poncho et le bonnet traditionnel. Dans les nombreux champs, les hommes et les femmes travaillent,

ils nous saluent toujours souriants et semblent se demander mais quel est ce véhicule étrange qui emprunte cette piste d’habitude réservée aux camions bondés

qui remplacent les bus, ou aux ânes ?

Nous nous arrêtons au premier grand village, Rabelo, ici nous ne trouverons pas de tisserands, mais nous ferons l’animation à l’heure du déjeuner. Sitôt garés, tous les enfants du village s’attroupent autour de nous, nous organisons une visite guidée de notre “Casa Rodante”,

les enfants s’agglutinent à bord et écoutent nos explications très impressionnés. Nous leur montrons notre parcours sur une carte, ils ne savent pas où se trouvent la France,

mais je ne suis pas sûre qu’en posant la question:” où se trouve la Bolivie ?” à nos petits écoliers français, qu’ils sachent nous répondre… Petit moment de bonheur pour eux comme pour nous. Les femmes visitent également et ont les yeux qui brillent devant tant de confort. L’une d’entre elle nous offrira même des biscuits pour nous remercier. Séance photo avec tous ces charmants enfants.

Nous repartons, nous traversons d’autres villages en adobe.

Ces villages pour la plupart ont l’eau potable, grâce aux programmes de l’Unicef et il y a des écoles. Le président Evo Morales a semble-t-il fait beaucoup également pour ces populations villageoises.

Nous mettrons 2 jours pour parcourir 200 km, mais nous ne regrettons pas notre intrusion dans cette partie reculée du pays et ce contact direct avec ces populations. Les villageois chanceux que nous avons pris en stop, se souviendront longtemps de ce drôle de vaisseau blanc qui un jour a croisé leur route…

Mercredi 24, nous arrivons à Tiwanacu. Cette civilisation préinca a connu son apogée entre l’an 700 et 1200 de notre ère, les constructions étaient parfaitement rectilignes et les blocs de pierre immenses qui forment les murs d’enceintes sont ajustés au mm.

C’est sur ce site que nous allons pouvoir admirer la fameuse “porte du soleil”,

bloc de grès de 40 tonnes gravé de symboles (repris par Hergé pour les aventures de” Tintin et le temple du soleil”). Les ruines font l’objet d’un grand chantier de rénovation et de fouilles, nous sommes d’ailleurs très étonnés de voir des familles entières au travail sur ce site classé.

Nous pouvons admirer d’énormes monolithes,

pour certains à l’abris dans une salle du musée. Dans le temple semi-souterrain,

170 têtes sculptées nous observent

et inspirent nos deux petits photographes en herbe.

Le 21 juin a encore lieu sur ce site, la fête du solstice, célébrée par de nombreuses communautés indigènes … Le culte du soleil n’est pas mort !!!

Prochaine destination : La Paz

PS : En lisant vos nombreux commentaires qui nous réjouissent (il faut continuer!!!), nous nous rendons compte que vous voyagez avec nous. Vous aurez sans doute remarqué que nous mettons de plus en plus de photos dans les articles pour vous montrer le plus de choses possibles, et vous donnez envie peut-être à votre tour de fouler ce merveilleux continent sud-américain. Vous nous réclamez aussi des vidéos, des clips…soyez patients…il faut que les idées mûrissent…et surtout que notre chef réalisateur se motive !!!

En tout cas, ne changez rien et continuez à “commenter”nos carnets de route et à nous donner de VOS nouvelles.

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